23.11.10

Haïti, c'est toi là-bas dans le noir ?

Un cailloux ravagé par un tremblement de terre, un village de toiles de tentes et de tôles branlantes, des pauvres gens en colère et maintenant une épidémie de choléra. Que faut-il d'autre pour qu'on regarde Haïti ?

Pour la république d'Haïti, l'année 2010 a été sombre. Accoudé à Saint-Domingue qui s'en sort grâce au tourisme, l'ancienne perle des Antilles n'a cessé de couler depuis son indépendance chèrement conquise en janvier 1804.
Depuis le tremblement de terre du 12 janvier, les haïtiens ont encore payé leur affront de vouloir vivre seul comme des grands et sont restés comme deux ronds de flan. Bien sûr, les caméras et les associations humanitaires ont accouru, ont promis et puis pfuittt... Encore un coup de Gérard Majax ? Non, seulement celui de l'info qui déménage plus loin pour un mariage princier ou un remaniement. Alors, dans la quasi indifférence la vie s'est péniblement accrochée à des cabanes de fortunes et des sacs de nourriture jetés dans l'arène des fauves buvant de l'eau croupie.

Par chance presque, le temps du choléra est venu (mais sans son pote amour, le pingre). Le décompte mortel des victimes attise à nouveau la flammèche entre la pauvre île des caraïbes et les médias : on en était à 1400 au JT de Pujadas hier et des centaines de milliers de cas sont attendus ces prochains mois. Ainsi, dans un monde qui ne jure que par les chiffres implacables, les statistiques âpres, Haïti est un Eldorado. Une preuve de plus ? Ces quelques 260.000 armes en circulation et les 2 morts par balles et par jour rien qu'à Port-au-Prince la capitale.

La peine La nouvelle également capitale ne se situe pourtant pas dans cette hécatombe évitable. La lumière est braquée sur les élections présidentielles de ce dimanche. Comme un rappel au travail de reconstruction, le plus grand camp de sinistrés se tient au champ de mars devant le palais présidentiel. L'ironie est que dans la campagne des 18 candidats, mais surtout du favori Jude Celestin (dauphin du Président sortant René Préval), rien n'est dit sur le drame du séisme. Les affiches obscènes par leur nombre et les teintes criardes, le message simpliste des spots de pub exotiques sont peau de zébi comparés à cet avion aux couleurs de Célestin qui survole inlassablement un pays exsangue. Sur les 4 millions de votants potentiels, en soustrayant les 6% d'électeurs morts sous les décombres du 12 janvier, 1 million vit encore dans des bidonvilles sans eau, sans électricité. Même de haut, difficile de les voir sans doute.


Spot de campagne du candidat Jude Célestin (Inite) pour la présidentielle 2010

4 commentaires:

  1. Pas un mot de ce qui fait la souffrance d'Haïti aujourdhui, 1 million d'âmes effacées. Surréaliste !

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  2. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce que les haïtiens ont fait au reste du monde pour mériter cet oubli. Peut-être qu'ils devraient faire un calendrier tous nus... (rire jaune tendance kaki)

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  3. Je suppose que c'est un pays qui, quelque part, ne s'est relevé des colonisations..destructuration du monde rural et tout le monde arrive aux abords des grandes villes en croyant à l'eldorado. Je suis proche de l'assoc' "vétos sans frontières" le constat là-bas est dramatique, les campagnes sont désertées, les élevages revenus à l'âge de pierre..l'agriculture en déroute..un pays non dirigé ..peut-être vaut-il mieux être mal dirigé que pas du tout..

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  4. Ta dernière phrase est très vraie, pourtant elle laisse un goût amer dans la bouche.

    Quant au fait que tout est laissé à l'abandon, comment pourrait-il en être autrement avec le manque de moyen et l'urgence de survivre ?
    Il faut du temps pour se relever et ce pays en a peu. Cercle vicieux.

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